Comme on a pris l'habitude de paresser le matin, on part un peu trop tard de Yangshuo et on manque le dernier transfert de Longsheng vers le petit village de Ping'an. On doit donc passer une nuit au Riverside hôtel, un trou crasseux avec vue sur les égouts à ciel ouvert d'une ville sale, grise et monotone. Que ça soit au resto du coin, à l'épicerie ou à la station de train, notre arrivée est remarquée. La vie semble s'arrêter, le vacarme cesse et tout le monde se tourne vers nous pour nous observer et nous souhaiter la bienvenue. C' est vraiment bien d'être sorti un peu du circuit touristique classique.
Coincés entre des paniers de bambou remplis de fruits, des poules et beaucoup trop de passagers, on gravit les montagnes pendant une bonne heure pour enfin arriver à Ping'an et ses célèbres plantations de riz en terrasse.
On est accueillis par une petite femme toute souriante dans son habit traditionnel rose bonbon. Elle ne parle pas du tout anglais sauf room et cheap, cheap, cheap, c'est assez pour nous convaincre de la suivre sur le sentier de pierres qui mène à son auberge. Quelle bonne idée, on a une chambre immense dans une belle maison en bois rond avec une vue sublime des terrasses de riz.
Pas de pollution, de voitures, de bruits ni de groupes de touristes envahissants, que la nature dans toute sa beauté et des paysans qui vivent simplement.
Le premier village que l'on visite est dans le livre des records Guiness comme étant l'endroit où les femmes ont les plus longs cheveux du monde et on n’a aucun doute à le croire. Si l'on a bien compris, elles coupent leurs crinières seulement une fois à seize ans, puis elles les conservent pour s'en servir comme postiche qu'elles greffent à leurs chevelures tout le reste de leur vie.
Le lendemain, sortis du sommeil avant l'aube par un coq insomniaque, c'est tout endormis que l'on se dirige vers la douche. Quand l'eau chaude débute tranquillement à faire son effet et que le monde sort de la brume, on aperçoit une forme étrange dans le coin à deux pouces de la bouteille de shampoing, nos yeux focus...........HAAAAAAAAA!!!!!!!! Une immense araignée, non! Un monstre poilu mangeur d'homme qui a bien patienté jusqu'à ce qu'on soit nus, du savon plein les yeux, pour faire son apparition et nous menacer, dressée sur ses pattes. On court partout en criant comme deux petites écolières apeurées pas foutues de l'écraser parce qu'on a trop la trouille qu'elle soit venimeuse. On va chercher la propriétaire en prenant tout de même le temps de se rhabiller. Elle nous regarde d'un air confus, saisie l'araignée velue dans ses mains et la lance par la fenêtre avant de retourner à ses occupations en se moquant de nous. On est soulagés, mais on se sent vraiment comme deux urbains stupides.
On visite d'autres bourgades que l'on rejoint par des chemins centenaires qui traversent les plantations, offrant une vue innoubliable. On croise un serpent qui nous fait encore une fois hurler comme deux cons, des petits vieux travaillant comme des forcenés, des frelons avec un dard assez gros pour crever un oeil, et des habitants faisant cramer une vache au chalumeau en pleine rue.
On quitte cet endroit merveilleux pour Guangzhou, en bus couchette, et ça c'est vraiment une aventure.......
Récit suivant, L'île aux bébés
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