La saison des pluies est sensée être terminée, mais depuis deux semaines c'est le déluge. Tout est humide dans les chambres d'hôtel, nos souliers et nos vêtements sont trempés et auraient bien besoin d'un bon nettoyage, mais notre recherche d'une sécheuse semble aussi désespérée que celle d'un désodorisant. On sent comme deux clochards.
Notre visite du Yunnan peut se résumer en de longs après-midis à attendre une éclaircie et d'agréables soirées à discuter en s'enfilant quelques bières avec nos amis Français, espérant du beau temps pour le lendemain.
Lijang, une vieille ville qui elle, contrairement à Zhongdian, dont on parlait dans le dernier message a été rénovée avec goût, est vraiment superbe quand le soleil se pointe timidement entre deux nuages. Si on essaie vraiment fort, il est encore possible de se perdre dans les ruelles en pierre et d'échapper aux trop nombreuses boutiques de souvenirs. Les ruisseaux qui coulent tout au long et les lanternes qui éclairent à peine, le soir venu, leur donnent une ambiance unique.
On loge à la Mama naxi guest house qui porte très bien son nom. La gérante, une grand-maman autoritaire nous traite comme ses petits enfants et prend soin que l'on ne manque de rien. En fin d'après-midi, ça cogne à la porte, c'est mémée avec des crêpes qui se doutait bien que l'on avait un petit creux. Un frisson, elle accoure pour faire du feu et pas question de se faire mouiller, elle nous prête volontiers des parapluies. Le soir venu on a droit à un festin de famille où c'est mama qui décide où l'on s'assoit et qui remplit les assiettes jusqu'à ce que l'on soit sur le point d'exploser, gare à celui qui refusera une deuxième portion, elle a du caractère. À la fin de notre séjour, on a droit à une collation pour la route et un joli pendentif de pot-pourri en cadeau, ce n’est pas du désodo, mais avec ça dans le cou l'odeur se dissipe.
Dali, une autre ville historique que l'on visitera au pas de course, cachés sous notre parapluie. L'hôtel est beaucoup moins agréable et les averses ne font qu'empirer.
Les vieilles dames que l'on croise ici sont très différentes. Imaginez une asiatique d'au moins 120 ans tout ridée, le dos courbé par les années de dur labeur au soleil dans les rizières qui vient s'asseoir à votre table au restaurant pour vous vendre des babioles puis après quelques instants, se penche vers vous et vous susurre à l'oreille....................ganga my friend, I have good hashich, very good!!!! On est loin des crêpes et du pot-pourri, nous qui croyions que les Chinois ne savaient pas quoi faire avec du pot à force d'en voir pousser d'énormes plans à l'état sauvage un peu partout sans que personne ne semble s'en préoccuper. Les mamies dealers ont certainement saisi la bonne affaire en voyant des touristes stupides qui fumaient la mauvaise herbe qui poussait là, dans leurs champs depuis des années.
Il n'y a pas que les pushers centenaires qui soient étranges, vers 11 heures quand les restaurants ferment leurs portes et que les rues sont désertes, on trouve un bar caché derrière une grosse grille en fer d'où sort un nuage de fumée suspect et une musique psychédélique. Sur une vieille tôle rouillée, il est écrit avec de la peinture qui a coulé, welcome to the vodka-bar. On a le choix entre plusieurs vodkas aromatisées maison, il y a les classiques comme orange, menthe ou anis, mais il y en a aussi des plus audacieuses, weed vodka, vodka au gingembre et vodka à l'ail avec une bonne cigarette au clou de girofle comme c'est la mode ici, ça donne une haleine du tonnerre.
Assis dans notre coin à boire des cocktails d'alcools douteux qui risquent certainement de nous rendre aveugles, entourés de gens complètement défoncés, on ne peut s'enlever une image de la tête, celle du panneau à l'aéroport qui dit DRUGS TRAFFIC IS PUNISHABLE BY DEATH PENALITY.
Récit suivant, Un ptit tour en campagne
C'est rassurant de savoir qu'il y a une autre maman pour prendre soin de son petit garçon même à l'autre bout du monde. Charmantes descriptions, on s'y croirait presque!
RépondreSupprimerChristiane
J'ai rencontré cette même mamie à Lijiang il y a trois ans. J'en ai toujours le pendentif, qui m'a souvent fait douté de sa nature. Contente de savoir qu'elle a survécu!!
RépondreSupprimerSalut,
RépondreSupprimerAu moins vous n'êtes pas seul sous la pluie en ce moment. Les habitants du Vietnam et de Caraïbes nagent dans les rues en moments.
Madaga