Litang, c'est-à -dire deux rues et quelques ruelles à 4500 mètres d'altitude, au coeur des montagnes du Sichuan tibétain, est un vrai trésor pour tous ceux qui veulent apprécier la culture nomade sans l'infrastructure touristique chinoise qui vient souvent tout dénaturer.
Cheveux longs, dents en or, grosses lunettes rétros et chapeaux de cowboy, les Tibétains sont super cool dans leurs habits traditionnels sur leurs chevaux. Tashi delek et gros sourire, les gens sont très accueillants, mais surtout très curieux. Les petits moines tirent les poils sur nos bras pour voir s'ils sont vrais et les plus vieux peuvent passer plusieurs minutes à nous fixer du regard. Il n'y a qu'un seul restaurant en ville et les touristes s'y rassemblent le soir venu, c'est-à-dire cinq ou six personnes en moyenne. Une fois le soleil couché, il n'y a plus aucune lumière et les meutes de chiens errants envahissent les rues hurlant toute la nuit. On a l'impression d'être au Far West avec les cowboys qui s'occupent de leurs troupeaux de yak, un genre de grosse vache poilue des montagnes qui est à la base de l'économie et de l'alimentation locales. Viande de yak, beurre, lait, yogourt, on utilise la peau pour faire les tentes et les vêtements, les cornes pour fabriquer divers objets et même les excréments séchés comme combustible, donc tout a une forte odeur de yak, c'est loin de sentir la rose.
Avec deux nouveaux amis Marseillais, Noémie et Bruno, on part à la découverte de la région à dos de cheval, mais avant le départ, il faut prendre des forces. On partage donc le déjeuner avec une famille nomade dans leurs tentes, au menu momo et thé au beurre de yak.
Les paysages sont sublimes, il n'y a que la nature à perte de vue et pour la première fois en Chine, aucun smog ni pluie ne vient gâcher notre plaisir. Enfin le soleil, nous qui voulions voir les régions éloignées, nous voilà comblés.
Après quatre heures sur nos chevaux, on fait une pause dans un temple bouddhiste tibétain pour partager un repas avec le Lama (prêtre bouddhiste) qui récite des mantras pour nous.
Des touristes chinois arrivent en BMW, l'appareil photo à 2000 dollars au cou, pour visiter la lamaserie avec leurs discrétions et leurs politesses habituelles, donc en faisant un boucan d'enfer, touchant à tout et prenant des photos sans demander la permission. Les moines ferment les portes et nous tirent vers l'intérieur. On sent vraiment une forte tension entre les deux peuples. On visite une autre lamaserie, couverte de sculptures et de couleurs vives puis l'école des jeunes bonzes qui sont tous très impressionnés par les percings et avec qui on fait un concours de bulles de chewing-gum.
Après cinq jours en haute altitude, on quitte la ville avant que la tête nous explose pour Zongdian, plus au sud, et 1000 mètres plus bas. La route en montagne est périlleuse et longue, on doit donc s'arrêter dans un bled perdu pour dormir. Toujours avec nos amis les Français, on est accueillis par une grand-maman qui nous propose des chambres pour pas cher selon ce qui est écrit sur la pancarte qu'elle a à la main. Il y a une panne d'électricité générale, on la suit donc à la lueur de la chandelle dans les ruelles sombres jusqu'à une immense demeure traditionnelle tibétaine. On se croirait dans un temple, le dortoir est certainement le plus beau que l'on ait jamais vu.
Avant même les premières lueurs du jour, on se rend à la gare, un stationnement sinistre et boueux au milieu de nulle part, pour être sûr d'avoir des places à bord du seul et unique bus de la journée. Le chauffeur se fait attendre et nous ne sommes pas seuls, il va falloir jouer du coude pour obtenir des billets parce qu’en Chine, les files d'attente n'existent pas. Il faut agiter son argent frénétiquement et crier plus fort que son voisin. On réussit à acheter des places pour tout notre petit groupe puis on poursuit notre traversée des montagnes.
Récit suivant, Le petit tibet
Je suis tombé par hasard sur votre récit et je tiens à vous dire qu'il est très agréable à lire et qu'il m'a donné plein d'idées. Merci !
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